La galerie l'Hirondelle
Depuis les années 1995, nous étions un groupe d’artistes nouvellement installés dans la région, et nous avons découvert ce petit village en promontoire, avec un panorama magnifique ; nous avons pris la décision d’en faire un lieu dédié aux Arts Plastiques, en Ariège -Midi Pyrénées ; chacun d’entre nous avait acquis ou loué un local, une maison, certains vivaient dans le village et y travaillaient (ateliers), d’autres extra-muros (ateliers-galeries)… l’idée était belle!
Peu à peu d’autres artistes sont arrivés, pleins d’enthousiasme.
Le Carla Bayle Cité des Arts.
Je suis issue d’une famille d’artistes, peintres, graveurs, céramistes, sculpteur. Il était donc tout naturel d’envisager une acquisition commune, et la réhabilitation d’une ancienne maison. En 2005-2006, nous nous sommes lancés dans le projet. La Galerie l’Hirondelle est née. Nous restons ouverts à d’autres artistes, hors saison, éventuellement en résidence pour y vivre et y travailler quelques mois. D’autres projets sont en cours chaque année (expos collectives)…
Monologue dans l'atelier
Créer une harmonie parallèle à la nature, ce n’est pas créer. Il faudrait se libérer de la vue. Avec humilité. Le rôle de la peinture est transgression. Nos yeux enregistrent ; mais une vision autre est nécessaire.
C’est l’alchimie vivante du « faire » qui convoque le processus « faire-défaire »… aller jusqu’à la désespérance du « par-faire ».
Jusqu’à ce moment d »équilibre ( ou de rupture), où tout « tient » sur la toile.
Je recherche toujours le suspens-suspendu.
Quand l’émotion parfois frénétique se recule d’elle même, se met en retrait : »non, non, ce n’est pas ça… pas ça… » et laisse advenir autre chose.
Cet Autre Chose.
Mais je laisse d’abord l’émotion prendre toute la place.
Si elle n’est pas là, le contrôle est trop grand.
Voyage intérieur qui passe à travers le geste. L’inattendu du geste.
« Trop lointaine autre rive
Iris
Pur éclat hors d’atteinte. »
(F. Cheng)
Un moment survient où l’aile de l’ange frôle, apaise, ordonne à sa
manière.
C’est à dire plus librement que ce que j’aurais pu vouloir ; par delà l’émotion ; par delà la volonté ; par delà les rapports de force qui cherchent à « tenir » la toile, comme on tiendrait un attelage !
Il faut cependant batailler ferme avant de lâcher prise. Une sorte de joie folle. D’ivresse. Qu’importe le flacon. Qu’importe le sujet !
Monologue dans la nature
Qu’est ce qui pousse un peintre à travailler dehors? Hors le calme ou l’effervescence des murs de l’atelier? Hors le de-dans
Occupation certainement très désuète aujourd’hui !
Cette fichue lumière change tout le temps! Quitter l’entêtement du « prendre », du rapt, de l’horizon et du détail …. Quitter l’entêté en soi, celui qui veut… pour celui qui désire.
Le regard n’est pas une prise ; pas une capture. Le regard est le
dedans du dehors, le dehors du dedans. S’il n’est amour brûlant, il n’est pas.
Peindre dehors, c’est entrer dans le sauvage. Forcément. Dans ce
lieu de nous même, le plus fragile aussi, là où les éléments entrent
en vibration.
« Enthousiasme »! quel beau mot ! ‘ »être pris par le dieu ».
… Ce paysage sur la toile, raté sans doute. Mais qui sait ?
On le posera contre un mur de l’atelier, dans une lumière étale
presque neutre, dans les interrogations plus tranquilles d’un esprit apaisé. Et pourtant…. une autre tempête à tous moments se lèvera dans l’urgence d’être à soi même peinture, ne laissant que le repos d’un lâcher total ; et la fièvre du renouvellement de l’inaccessible
mystère. C’est une quête.
Quatre étapes du Processus de Création
Nécessité Intérieure
Soif d’un autre monde, dire « oui » à ce qui vous cherche. C’est la Source qui cherche à jaillir.
L’Emotion Créatrice
Il faut être bouleversé pour créer. Etre tellement renversé qu’on ne
peut pas ne pas s’y mettre. Engagement. Travail. Entrer en travail, c’est entrer en silence ; entrer dans un espace-hors temps ; accepter
les labours ; se laisser travailler par la couleur , la matière , la lumière….
L’Ecoute de la vision intérieure
En réalité, nous sommes tendus vers l’Etre. Nous nous sommes laissés inspirés par la Présence. Se dépouiller des armures pour atteindre la source.
Le Miroir de l’oeuvre
Témoins de l’étincelle de l’Immense. Par la contemplation de cette étincelle, nous retournons consciemment au Trésor. Nous étions en
oubli du Trésor… et l’acte de peindre, danser, écrire, chanter,
etc… nous ouvre à nouveau à l’Essence. C’est cela l’expérience de la Beauté à travers l’art. Et c’est cela qui va être guérisseur. Guérir de la séparation par cet acte unique donné à l’humain : créer.
Texte de Flore Angèle, peintre